L’Afrique fait aujourd’hui l’objet de nombreuses convoitises : ses richesses naturelles et la taille de son marché lui confèrent un terreau de croissance qui devrait rapidement porter ses fruits. Le continent est entré dans un processus de transformation et de diversification économique, soutenu par l’aide internationale et les investissements directs étrangers.
Lors d’un passé pas trop lointain, la Tunisie s’est tournée vers le marché africain avec de belles perspectives de développement devant elle et fortement soutenue par la dynamique nationale d’exportation et d’ouverture. Pour assurer un meilleur positionnement sur le marché africain, la Tunisie a conclu, à l’instar d’autres pays voisins, divers accords et échanges commerciaux, tel que le Comesa et la Zlecaf, signés avec les différents partenaires africains, où elle a réussi à réaliser un taux de 8,6% des échanges globaux avec ce continent.
Avec la suppression des droits de douane à l’import et à l’export sur 90% des produits depuis janvier 2020, la Tunisie marque un grand pas dans la consolidation de son positionnement sur le marché africain mais a encore besoin de mieux négocier ses offres.
L’adhésion de la Tunisie au Marché commun de l’Afrique orientale et australe va lui permettre de bénéficier d’une réduction allant jusqu’à 17% des tarifs douaniers appliqués sur ses exportations.
Faut-il rappeler que le Comesa pourrait constituer un marché potentiel pour la Tunisie de par le dynamisme de ses importations comparativement au monde et à l’UE et du fait que la Tunisie n’écoule sur ce marché que 5,5% du total de ses exportations.
À cet effet, plusieurs actions devraient être renforcées pour améliorer l’accès des entreprises tunisiennes aux pays du Comesa. Parmi ces actions, le renforcement des dessertes aériennes et maritimes et la simplification des procédures douanières, l’amélioration de l’implication des banques tunisiennes dans ce marché pour accompagner et financer les entreprises qui s’y intéressent et l’assouplissement de la Loi de change pour faciliter les opérations d’exportation sur ce marché.
Échanges commerciaux : 23 milliards de dollars en 2045
D’après l’expert technique senior à la GIZ, Lotfi Hamza, les échanges commerciaux de la Tunisie avec les pays africains peuvent atteindre 23 milliards de dollars en 2045 grâce à la Zlecaf.
D’un autre côté, l’expert précise que la présence de la Tunisie sur le marché africain aujourd’hui est relativement faible. Les indicateurs montrent en effet que « les échanges avec l’Afrique ne dépassent pas les 10% alors que ceux avec l’Union Européenne dépassent les 70% ». Et d’ajouter que le marché africain est très prometteur pour la Tunisie à l’avenir, notamment après l’accomplissement de l’accord Zlecaf, où elle peut tirer bénéfice pour renforcer ses échanges commerciaux dans la région.
Rappelons que les échanges interafricains sont de l’ordre de 100 milliards de dollars et seront portés à 400 milliards de dollars avec la Zlecaf. A l’échelle nationale, les échanges actuels avec l’Afrique s’élèvent à 4 milliards de dollars pour atteindre 23 milliards de dollars en 2045 grâce à la Zlecaf.
Comme tous les accords commerciaux, la Zlecaf est un accord dont l’application prendra du temps, tout comme l’accord avec l’UE, qui a pris plus de 15 ans pour sa mise en œuvre. Selon l’expert, il faut mettre des institutions pour appuyer cet accord et activer la diplomatie économique afin d’amortir les chocs exogènes comme la crise sanitaire du covid.